Pose d'un compresseur, homologation et assurance

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Gilles

Homologation et assurance.

Message par Gilles »

Jusqu'à preuve du contraire l'assureur ne peut assurer qu'un objet licite.
Un exemple d'illégalité couverte : la MAIF couvre les enfants mineurs et non détenteurs du permis de conduire s'ils utilisent le véhicule de leurs parents à leur insu.

Un autre exemple : un cultivateur est exempté de permis pour conduire un tracteur dans le cadre de son activité. Lorsqu'il prend sa retraite et continue d'utiliser son tracteur pour une utilisation privée son assureur le couvre même s'il n'a pas de permis, alors que normalement il n'a plus le droit de le conduire. Cette info m'a été communiquée par un ami courtier en assurances.
Mais déclarer des modifications non homologuées en est une autre ! Comme le dit Vattimo "Vous verrez bien la tête de l'assureur à ce moment là ! "
J'ai assuré en collection chez AXA de 1991 à 2002 (véhicule vendu à cette date) pour 800 F annuels une Renault Monaquatre de 1935 équipée d'un moteur 1.9 litres Opel ascona préparé de 110 CV (3 fois la puissance de la Renault) ainsi que des trains roulants et freinage. J'ai visité une dizaine d'assureurs avant d'en convaincre un. J'avais un dont-acte sur papier à en-tête de la compagnie (UAP à l'époque) reconnaissant les modifications apportées au véhicule. Je n'ai jamais eu d'accident, ce véhicule roule toujours avec son nouveau propriétaire.

Revenons à notre compresseur :

Je ne vois pas comment un assureur pourrait rédiger et signer un contrat illégal et ensuite ne pas rembourser en cas d'accident sous prétexte de contrat non valide alors qu' il en est l'auteur! Je voudrais bien voir un tel cas devant un tribunal.
L'assureur te couvrira au mieux contre une plaie d'argent. Surement pas au pénal. Tout le monde le sait, ce site en est la preuve vivante, les procédures se multiplient. Si tu fous un môme en l'air avec une voiture notablement modifiée et que la famille t'attaque pour 'mise en danger délibérée de la vie d'autrui' ... ça va te faire drole. Et j'ai lu quelque part que le fait d'avoir déclarer des modifications à ton assureur était un facteur aggravant, au motif de la connaissance de l'infraction.
Entièrement d'accord, l'assureur couvre au civil mais c'est au pénal qu'on risque gros. Mais que faire? Une révolution? Une grève de la faim devant le service des mines? Emigrer dans un pays plus conciliant? Rouler dans une boite à roues tristement de série? Beurk!! :( :( :(

Gilles

maurice

Re: Homologation et assurance.

Message par maurice »

Gilles a écrit :Je ne vois pas comment un assureur pourrait rédiger et signer un contrat illégal et ensuite ne pas rembourser en cas d'accident sous prétexte de contrat non valide alors qu' il en est l'auteur! Je voudrais bien voir un tel cas devant un tribunal.
Je ne dis pas que l'assureur ne rembourserai pas. Lui ou le fonds de garantie d'ailleurs ... ceci dit, dans le cadre d'une procédure au pénal, l'assureur pourrait être poursuivi pour avoir encouragé ou autorisé la mise sur la voie publique d'un véhicule dangereux genre 'complicité de la mise en danger délibérée de la vie d'autrui'. C'est dans ce sens que la illégalité d'un tel contrat d'assurance pourrait avoir des conséquences.

Ce qui est primordial d'appréhender, c'est que nous nous situons dans un contexte exorbitant du regime normal des vehicules particuliers car aucun texte ne réglemente la question des modifications réalisées autrement que par le constructeur, tout simplement parce que le législateur n'a pas prévu ce cas. Ceci étant dit, tous les contournements via des contrats d'assurance spéciaux, des passages en carte grise collection, etc ... ne sont que des rideaux de fumée permettant au mieux d'éviter les problèmes lors d'un contrôle routier ou un incident bénin, mais aucunement de régulariser "normalement" et "complètement" des modifications notables sur une voiture

Concernant enfin, la question des modifications irresponsables, négligentes, ou simplement dangereuses, il est evident qu'elles pourront toujours etre apréhendées dans leur démesure, et leur dangerosité en cas d'accident grave, dans la mesure ou personne ne peut se retrancher derriere une situation juridique floue, le bon sens, et surtout les principes generaux du droit, notament en matirere d'abus, venant se substituer à la carrence du législateur.

Vattimo

Message par Vattimo »

Bonjour à vous,

Ahh enfin un vrai bon débat... :wink:

Je reviens à l'aspect juridique. La loi du 5 janvier 2006 relative à la sécurité et au développement des transports a décidé de cogner fort sur ceux qui s'occupent des montages libres mais aussi de l'homologation des pièces entre autres ;

Qu'en effet, le nouvel article L.325-1 du CR prévoit que " Les véhicules dont la circulation ou le stationnement en infraction aux dispositions du présent code ou aux règlements de police.../... peuvent être immobilisés, mis en fourrière, retirés de la circulation et, le cas échéant, aliénés ou livrés à la destruction." ;

Qu'un véhicule non homologué risque d’être immobilisé et mis en fourrière, jusqu’à sa remise aux normes ;

Que le nouvel article L.325-6 du CR est rédigé dans ces termes : « Les véhicules dont l'état ne permet pas la circulation dans les conditions normales de sécurité ou qui ne sont plus conformes à leur réception ne peuvent être retirés de la fourrière que par des réparateurs chargés par les propriétaires d'effectuer les travaux reconnus indispensables à leur remise en état ou en conformité." ;

Ils ne peuvent ensuite être restitués à leurs propriétaires qu'après vérification de la bonne exécution des travaux (sic !)

En cas de désaccord sur l'état du véhicule, un expert est désigné dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. S'il constate que le véhicule n'est pas en état de circuler dans des conditions normales de sécurité, il détermine les travaux à effectuer avant sa remise au propriétaire. » ( re-sic !!) ;

Il a été créé un article L.325-3-1 du CR qui reprend ce délit et lui ajoute celui de s’opposer à une mise en fourrière ; Là, le tarif s'envole...

Cette loi vise principalement les scoots, motos et quad... mais aussi tout véhicule !

Que la pose d'un compresseur dépasse la simple notion de tuning, qui est la personnalisation par accessoire extérieure et intérieure du véhicule, principalement au niveau confort et esthétique ;

Qu'on touche à l'aspect essentiel du véhicule, à savoir sa puissance moteur ;

Que certains constructeurs prévoient déjà le cas. Exemple : les série M chez BMW ;

Voire des préparateurs qui ont acquis pour certains le statut de constructeur à part entière de par la qualité (homologuée) de leur travail. Exemple : AMG, Motorsport, Abarth...

Les autres sont des préparateurs indépendants. Exemple : Alpina, Brabus, AC Schnitzer...

La cour de cass. s'est déjà penchée sur la cas suivant en rejetant le recours de l'assureur suite à changement de moteur. Extrait :

" Un contrat d'assurance devait régir les conséquences de l'accident survenu à l'assuré en utilisant un véhicule constitué par le moteur de son ancienne voiture monté sur une carrosserie d'occasion, dès lors qu'appréciant souverainement la volonté des parties, ils relèvent que celles-ci n'avaient pas tenu la modification de la carrosserie "comme un élément essentiel de l'individualisation de l'automobile assurée, la puissance du véhicule pouvant légitimement être tenue comme fondamentale du point de vue de l'assurance" et que l'attestation d'assurance délivrée quelques jours avant l'accident comportait l'indication du nouveau numero minéralogique " (cass. crim. 25 mars 1968) ;

Certes, vous venez de remarquer que l'arrêt date de 68... Mais il n'en reste pas moins vrai que la puissance du véhicule peut légitimement être tenue comme fondamentale du point de vue de l'assurance ;

Que du moment que l'assurance fournit un dont-acte sur papier à en-tête de la compagnie comme le précise fort justement Gilles, il s'ensuit qu'on peut penser que toutes les modifications ont été portées à la connaissance de l'assureur qui couvre suivant son tarif en vigueur ;

Il faut aussi souligner le point fondamental concernant Gilles, à savoir assurer un véhicule en collection ;

Que ce n'est qu'en cas de dissimulation volontaire que l'assureur peut opposer la nullité du contrat ;

Que dit l'article R.211-10 du Code des assurances ?

" Le contrat d'assurance peut, sans qu'il soit contrevenu aux dispositions de l'article L. 211-1 comporter des clauses prévoyant une exclusion de garantie dans les cas suivants :
1º Lorsque au moment du sinistre, le conducteur n'a pas l'âge requis ou ne possède pas les certificats, en état de validité, exigés par la réglementation en vigueur pour la conduite du véhicule, sauf en cas de vol, de violence ou d'utilisation du véhicule à l'insu de l'assuré... " ;

Que donc le contrat peut prévoir des clauses d'exclusion, mais que ce n'est pas une obligation...

Et quand bien même, celui-ci doit dédommager les victimes au regard de l'art. R.211-13 § 4 qui prévoit que dans " les exclusions de garanties prévues aux articles R.211-10 et R.211-11, l'assureur procède au paiement de l'indemnité pour le compte du responsable.
Il peut exercer contre ce dernier une action en remboursement pour toutes les sommes qu'il a ainsi payées ou mises en réserve à sa place " ;

Alors qu'en est-il ?

Au regard des dispositions légales comme vues ci-dessus, l'obligation d'assurance de tout véhicule à moteur ne fait aucun doute (article L.211-1 du Code des assurances) ;

Il en est ainsi des : tondeuse autoportée, poket-bike (mini-moto), quad, moto de trial, cross... et ce, même si le véhicule n'est pas immatriculé ;

Qu'il s'ensuit que tout véhicule, même non homologué, est donc soumis à cette obligation légale au risque de subir les foudres de l'art. L.324-2 du CR ;

Que mes doutes du 1er post s'évaporent, l'assureur étant tenu de couvrir les dommages conformément aux déclarations sincères et exactes faites par l'assuré ;

Mais s'il y a production de documents ou justificatifs inexacts ou usage de moyens frauduleux, l'assurance indemnisera la ou les victimes et vous réclamera une indemnité proportionnelle au préjudice subi du fait des manquements ainsi soulignés ;

En cas d'accident grave, un expert aura toute latitude pour mettre en évidence les relations de cause à effet entre l'usage de pièces non homologuées et l'ampleur du sinistre ;

Qu'au point de vue pénal, j'adhère à vos remarques...

Que si on veut un véhicule plus performant dans tous les sens du terme, alors autant acheter une Subaru Impreza (WRX, vous savez, de couleur bleue...) :P

Au moins, tout est prévu d'origine pour des performances globales y compris l'aspect sécurité ;

Bien à vous.
Dernière modification par Vattimo le ven. oct. 27, 2006 12:56 am, modifié 2 fois.

Gilles

Homologation et assurance.

Message par Gilles »

maurice à dit :
Ce qui est primordial d'appréhender, c'est que nous nous situons dans un contexte exorbitant du regime normal des vehicules particuliers car aucun texte ne réglemente la question des modifications réalisées autrement que par le constructeur, tout simplement parce que le législateur n'a pas prévu ce cas.
Et bien si le législateur a tout prévu et la procédure existe. Un véhicule modifié doit subir une réception à titre isolée, c'est l'ancien passage aux mines qui consiste en la vérification par la DRIRE de la conformité du véhicule. Malheureusement la Drire se contente d'éconduire avec une mauvaise volonté évidente toute demande, sauf à fournir l'impossible accord du constructeur, car dans ce cas ce n'est plus la Drire qui engage sa responsabilité.
En clair : ce n'est pas la législation qui rend illégale une voiture modifiée, c'est la Drire.

Gilles

maurice

Message par maurice »

Reste donc à connaître le contexte dans lequel la DRIRE éconduit toute demande non validée par un constructeur... contexte certes réglementaire mais également contexte pratique : crash tests, tests de freinage, d'évitement, de sécurité active et passive ...

Gilles

Drire.

Message par Gilles »

Les textes qui définissent quelles sont les modifications nécessitant une nouvelle réception d'un véhicule sont les fameux arrêtés de 1954. la législation n'a pas changé depuis, seulement les normes d'homologation des véhicules.
Jusque dans les années 70 le "passage aux mines "se passait relativement bien et des protos constuits par des artisants ou des amateurs étaient régulièrement immatriculés. C'était le cas notamment des choppers et des buggys sur base VW. L'ingénieur des mines examinait le véhicule sous toutes ses coutures, (la gendarmerie testait le bruit, l'ORTF l'antiparasitage ) testait les freins, l'essayait et si tout était conforme il tamponnait un sézame permettant de retirer une carte-grise en préfecture. Et puis le service des mines a changé 2 choses : il s'est mis à exiger l'accord du constructeur pour modifier un véhicule, sonnant le glas de toute modification légale. Deuxième mesure disuasive la Drire a décidé de ne plus effectuer les tests règlementaires, mais de les sous traiter auprès de l'UTAC, aux frais du demandeur. C'est là qu'on retrouve les 10 essais, non destructifs contrairement à une légende urbaine, mais dont le seul essai de freinage complet sans ABS est facturé 6000€ HT...rassurons nous il ne sont pas tous à ce tarif.

Je ne sais pas pour quelle raison ce durcissement a eu lieu, ni si c'est à la demande du gouvernement ou à l'initiative de la Drire (aucun employé des Drire ne sait répondre à cette question), mais toujours est t'il que les textes règlementaires n'ont pas changé depuis l'époque bénie de la réception à titre isolée possible. C'est la Drire qui exige l'accord du constructeur et les tests UTAC pas la règlementation.

Ce qui me fait dire qu'il suffirait que la Drire accepte d'effectuer sa mission de service public de manière responsable pour qu'une telle file de discussion n'ait plus lieu d'être. Ce n'est pas demain la veille.

Gilles

Gilles

Drire suite.

Message par Gilles »

Reste donc à connaître le contexte dans lequel la DRIRE éconduit toute demande non validée par un constructeur... contexte certes réglementaire mais également contexte pratique : crash tests, tests de freinage, d'évitement, de sécurité active et passive ...
Pour réceptionner un prototype le Drire d'Ile de France seule compétante exige entre autres le fameux test de freinage à 6000€ mais il n'y a pas de test de tenue de route!

Gilles

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